Le Clown Chocolat

Chocolat

Une enfance difficile

Cet artiste est né en tant qu’esclave, ni son nom de famille, ni sa date et son lieu de naissance ne sont connus avec exactitude, n’étant pas enregistré par le registre civil. Sa famille africaine a aussi été réduite en esclavage et déportée à Cuba, il a été déduit qu’il est naît entre 1865 et 1868, à la Havane.

Réduits aux travaux dans une plantation, ses parents arrivent à trouver la fuite en 1878, laissant derrière eux leur fils alors âgé de 10 ans, au soin d’une vieille femme Cubaine, dans un quartier miteux de la Havane. Elle vend ensuite le garçon à une mère de marchand espagnol à Bilbao. Les ouvriers du peuple basque essayant ensuite de le « rendre blanc » à l’aide d’une brosse à chevaux, ce dernier réussi à s’enfuir lui aussi à l’âge de 14 ans, vivant de petits métiers de rue tels que chanteur, débardeur, porteur de bagages ou travaillant dans les mines.

Le début de carrière de clown

Tony Grice, fameux clown blanc, découvre Rafael arborant les quais de Bilbao. Il est de suite impressionné par sa carrure et sa façon de danser, il décide d’en faire son domestique à tout faire, puis son partenaire dans certains spectacles. L’enfant se fait vite remarquer, jouant le rôle de cascadeur sur le dos d’une mule incontrôlable, et finissant toujours par se faire expulser hors de la piste.

Le duo entreprend alors son périple et conquiert un public de notables de la capitale au moment où ces derniers arrivent à Paris, au cirque de Joseph Oller, en 1886, époque favorisant l’amusement par l’expansion des loisirs sur fond de cosmopolitisme. Rafael acquiert alors un nom de scène : Chocolat, nom représentant les noirs dans la société de l’époque.  2 ans après, l’association Grice-Chocolat prend fin, et Henri Agoust, régisseur du nouveau cirque, engage Chocolat en tant que vedette d’une pantomime nautique. Ce dernier connait alors un succès dès son premier spectacle, « la noce de Chocolat ». Il enchaîne les spectacles et les associations avec des clowns tels que Pierantoni, Kestern, et ce, pendant encore cinq années.

duo Chocolat

Le fameux duo Foottit et Chocolat

A la fin du 19em siècle le clown Chocolat est associé à un homologue britannique du nom de Footit. Le duo popularise la comédie clownesque et connait un succès retentissant avec le sketch de l’entrée burlesque « Guillaume Tell » où ils représentent un noir sous l’autorité d’un blanc, introduit le racisme sur scène. Malgré un public riant à outrance, toujours sous l’admiration de l’agilité et des compétences du personnage, Chocolat combat le stéréotype collé aux nègres soumis en diversifiant son jeu d’acteur et montre un personnage pas seulement cantonné aux rôles du soumis. Il devient alors l’icone coloniale et préjugés de l’époque (le noir de service).

En 1901, la pair de clowns introduit des dialogues dans leurs spectacles, comme celui de « Deux bouts de bois ».

Dix années après leur début, c’est-à-dire en 1905, le régisseur du cirque ne renouvelle pas leur contrat et le duo connait ainsi leur apogée et leur déclin aux « Folies bergères ». Associé par certains à l’affaire Dreyfus, à cause des questions raciales qui aurait pu être politiser, mais aussi représentatif d’une époque où les noirs occupent des postes de politiciens s’occupant des vieilles colonies, et  d’autres émergent aussi en tant qu’artistes.

En 1909, ils font un dernier retour au nouveau Cirque et sont accueillis favorablement. Ils mettent fin à leur collaboration en 1910.

L’aventure de clown se terminant

Les membres du duo prennent chacun des chemins différents, toutefois sans grand succès. Chocolat se tente une carrière d’acteur en sollicitant le directeur de théâtre pour le rôle principal de Moïse, sans résultats, ce dernier ne maîtrisant pas correctement la langue française. Il se rabat donc sur un spectacle parodique de « la Belle Otero » au cirque de Paris, dont Foottit y est l’auteur.

Chocolat revient au cirque avec son fils adoptif Eugène Grimaldi en 1912. Ce dernier obtient un certain succès en tant que clown blanc et se trouve à jouer avec le fils de George Foottit. Dans les années suivantes, Chocolat devient le premier à son époque à jouer dans les hôpitaux, faisant office de distraction pour les enfants, créant ainsi le concept de thérapie par le rire.

Paradoxalement, la fille de Chocolat, alors âgée de 19 ans, meurt de la tuberculose, provoquant ce dernier une dépression qu’il plonge dans l’alcoolisme. Agé alors de 49 ans, il finit sa vie dans la misère en travaillant dans la troupes des cirques Rancy et meurt pendant sa tournée à Bordeaux, le 4 novembre 1917 dans la matinée.